Blog

Préparer la rentrée, c'est maintenant que ça doit commencer

Le 17/08/2021

Dans environ deux semaines, tous les enfants en âge d'aller à l'école vont reprendre le chemin des écoliers. 

Pour le faire dans les meilleures conditions possibles, on ne doit pas attendre le week-end qui précède pour se préparer à cette rentrée, mais on doit le faire à partir de maintenant. Cela concerne en particulier le rythme veille-sommeil de chacun d'entre eux. 

À partir de ce soir, il faut leur expliquer qu'on doit reprendre des horaires, pour se coucher, correspondant bien aux besoins des heures de lever pour aller à l'école. Pourquoi dès maintenant me demanderez-vous ? Je vous l'explique.

Notre orgnanisme comporte de très nombreuses "horloges" biologiques, dont la plupart fonctionnent sur 24 heures, or on sait depuis longtemps que piur être en bonne forme, toutes ces horloges doivent fonctionner de façon synchronisée, c'est-à-dire être en phase les unes avec les autres.

Où se situent ces horloges ? 

Toutes nos cellules en possèdent, la plupart de nos organes tels la vésicule, les reins, la peau, le coeur, et bien sûr nous en avons plusieurs dans le cerveau.  Je vais prendre l'exemple de quatre d'entre elles qui vont mieux vous faire comprendre pourquoi il faut deux semaines pour que toutes nos horloges soient à nouveau synchronisées entre elles par rapport à la nouvelle heure, celle de l'école. 

Nous avons une horloge qui concerne notre vigilance physiologique, qui nous permet d'être attentif, de nous concentrer. Celle-ci est à son niveau le plus bas la nuit, toujours à peu près à la même heure, elle ne va commencer à augmenter que juste après notre éveil, qu'on devrait avoir le plus spontané possible, c'est-à-dire éviter d'utiliser un réveil ou que ce soit papa ou maman qui viennent réveiller. Elle va ensuite conserver son bon niveau toute la matinée, puis elle va connaître une baisse assez conséquente en début d'après-midi, après le repas. Les adultes disent souvent qu'à ce moment de la journée, ils ont un "coup de pompe", et sont persuadés qu'il est dû au fait qu'ils sont en train de digérer. Or c'est une erreur, car même si on n'a pas mangé, on aura ce coup de pompe. lors d'une intervention que je faisais dans un centre social, une maman présente m'avait dit : "ah !c'est pour ça que quand je fais ramadan, j'ai quand même ce coup de pompe. Je ne comprenais pas pourquoi puisque je n'avais pas mangé". Cette maman avait bien observé, en fait à ce moment de la journée, nous subissons tous une baisse physiologique globale, notre vigilance baisse, mais on va voir qu'elle n'est pas seule à être concernée. Cette baisse impose qu'on prenne à ce moment de la journée, une vraie pause, un réel temps de repos, de relaxation si possible, ceci qu'on soit enfant de tous âges, adultes ou personnes âgées.on appelle ce moment "creux méridien", creux à cause de cette baisse, et méridien car il se situe au milieu de notre rythme dit circadien, qui fonctionne sur 24h.

Cela signifie aussi que toutes les écoles doivent permettre aux enfants d'avoir cette pause, ce moment de relaxation, ceux qui font la sieste doivent impérativement y aller dès la fin du repas, passer aux toilettes et se préparer rapidement à se coucher. C'est le meilleur moyen pour que les enfants s'endorment rapidement, et qu'on ne soit pas obligés de les réveiller en fin d'après-midi, car le plus souvent, au bout de deux heures de sieste, ils sont tous réveillés.

C'est aussi vrai chez les ados. Dans un collège avec lequel j'ai travaillé, une salle de "zen attitude" avait été installé après un travail mené avec les collégiens sur leur sommeil et leur besoin de repos. Cette salle a été tout à fait correctement investie par les collégiens qui ont beaucoup apprécié.

Dans un lycée où j'ai appris aux élèves à mieux connaître le fonctionnement de leurs rythmes biologiques, et comment les respecter, tous les élèves m'avaient dit que si leur lycée leur offrait une salle de repos, ils l'utiliseraient très volontiers. Certains de ces élèves m'avaient demandé si je discutais avec leur proviseur, leur ayant répondu que c'est lui qui m'avait invitée, j'ai répondu positivement et leur ai demande pourquoi cette question. "Vous pouvez lui parler de nos emplois du temps ? Parce que par rapport à ce que vous nous avez expliqué, pourquoi deux fois par semaine on nous fait faire EPS à 13h30, on doit courir pendant une heure et demie et ensuite on a histoire-géo. Et à chaque fois c'est le même problème, on se fait engueuler par la prof, parce que tout le monde dort pendant son cours" !!!! Désolée de dire qu'ils ont raison, c'est un emploi du tems aberrant, comme on en trouve beaucoup un peu partout. 

Après ce coup de pompe, notre vigilance va remonter, davantage chez les ados que chez les jeunes enfants chez qui elle ne revient jamais à son niveau du matin. Et elle baissera à nouveau substantiellement, en fin de journée, quand il sera l'heure d'aller se coucher.

Notre température centrale connaît elle aussi un tel rythme, elle est au plus bas dans la nuit, elle commence d'ailleurs à baisser dans la soirée, c'est cette baisse, repérable, puisque nous ressentons alors un coup de froid, qui indique que nous sommes prêts à nous endormir.  Nous devrions alors aller dormir plutôt que de prendre une petite laine pour ne pas avoir plus froid et continuer de faire ce que nous faisons, le plus souvent devant un écran. Notre température va commencer à monter environ 1h30 avant notre éveil spontané, une fois réveillé elle va atteindre son plateau qui va perdure toute la matinée, et au moment du creux méridien, elle va baisser en même temps que la vigilance physiologique. Tout comme cette vigilance elle va remonter, davantage chez les ados, à la fin de ce creux puis baissera comme je viens de l'expliquer. 

Nous avons également deux hormones qui fonctionnent sur ce rythme circadien. D'abord celle qu'on appelle souvent " l'hormone du stress", soit le cortisol. Celle-ci est à son niveau le plus bas dans la nuit, en même temps que la vigilance et la température centrale, mais au contraire de ces deux premières, elle va voir son niveau monter rapidement, pour atteindre son plus haut niveau, son pic, juste avant notre éveil spontané. Beaucoup de chronobiologistes pensent que c'est cette atteinte du pic de cortisol qui provoque l'éveil de l'organisme. Elle va conserver ce bon niveau toute la matinée, va elle aussi le voir baisser au moment du creux méridien, en même temps que la température et la vigilance, mais contrairement à elles, elle ne va jamais voir son niveau remonter, au contraire, il ne va cesse de baisser doucement tout au long de l'après-midi. Un petit conseil à toutes et tous, si un médecin vous propose une prise de sang pour vérifier votre niveau de cortisol, n'allez jamais la faire à 16h, vous aurez alors un faux niveau, c'est toujours le matin, si possible peu après l'éveil, que ce type de mesure doit être fait. Cette hormone va baisser fortement au moment de notre endormissement, et être au plus bas quelques herures plus tard. 

Enfin une autre hormone, qu'on appellle " l'hormone du sommeil" connaît également ce rythme circadien. Il s'agit de la mélatonine, qui, il faut absolument le savoir, n'est synthétisée que la nuit, mais a impérativement besoin d'obscurité pour commencer cette synthèse. Celle-ci est la plus importante entre 1h et 3h du matin, et elle va complètement l'interrompre une fois que nous serons réveillé spontanément. Cette hormone se "recharge" (un peu comme votre téléphone!, grâce à la lumière naturelle du jour, donc en profiter dès qu'on le peut. Pour tous les travailleurs, il vaudrait mieux le midi, manger dehors, en se protégeant du froid quand il y en a, plutôt que de s'enfermer dans une salle éclairée artificiellement. C'est le moment, en hiver, où la luminosité est la meilleure, avec celle de la matinée, mais en général, sauf pour les travailleurs à l'extérieur, on est alors enfermé dans des salles éclairées artificiellement.  

Comme la mélatonine a besoin d'obscurité pour commencer à être synthétisé, cela impose qu'on accepte de couper tous les écrans au moins 1 h avant d'aller dormir. Ces écrans renvoient des flux bleutés très proches de la lumière naturelle, qui de ce fait, trompent l'horloge centrale, qui est le chef d'orchestre de toutes les autres horloges, qui se trouvent juste derrière les yeux, juste au dessus du croisement de nos nerfs optiques. Elle reçoit donc ces flux bleutés, pense alors que le jour n'est pas fini et n'envoie pas les bons messages de mise en route aux autres horloges, on retarde alors fortement notre moment d'endormissement. 

Apprendre à repérer notre réelle heure d'endormissement est très utile, car c'est ce qui nous permettra d'avoir un sommeil de bonne qualité. 

Toutes ces horloges sont synchronisées et doivent le rester, or on sait depuis longtemps qu'elles n'ont pas la même vitesse de remise à l'heure les unes et les autres. Quand on a bousculé nos horloges, avec par exemple le passage de plusieurs fuseaux horaires, ou simplement des retards importants d'heure de coucher, si cela a duré plusieurs semaines, quand on voudra revenir à la " bonne heure", voilà ce qui va se produire. On change notre heure de coucher, on croit qu'on va rapidement dormir correctement.Or si notre vigilance va se réhabituer à cette nouvelle heure au plus au bout de 48, il faut une semaine à la température pour le faire et deux semaines aux systèmes hormonaux. Ce n'est donc qu'au bout de deux semaines que nous aurons à nouveau toutes nos horloges synchronisées, avant cela nous sommes en "désynchronisation interne", car nos horloges sont désynchronisées entre elles. Certains le vivent très mal, ce qui se répercute sur la qualité du sommeil.

Voilà pourquoi je dis que c'est dès à présent qu'il faut faire retrouver aux enfants et aux jeunes le rythme de sommeil nécessaire à l'école, pas attendre le dernier week-end. Et surtout, il faut s'y tenir, c'est-à-dire ne pas s'amuser à changer les heures de coucher parce qu'on est samedi, il faut qu'il y ait une régularité dans les horaires, ce tout au long de l'année scolaire, seul moyen d'avoir des élèves dans de bonnes conditions d'apprentissage. 

C'est d'autant plus important que notre sommeil n'est pas juste une succession d'heures identiques tout au long de la nuit. Il est constitué d'une succession de cycles de sommeil qui ne sont pas identiques en début et en fin de nuit. Après notre endormissement à la bonne heure, nous allons faire beaucoup de sommeil "profond", qui est un sommeil lent, très important puisque c'est lui qui nous permet de récupérer de toute notre fatigue physique et musculaire, accumulée au cours de la journée. Chez l'enfant, c'est au cours de ce sommeil lent profond qu'est synthétisée l'hormone de croissance. C'ezst enore un sommeil qui nous permet de mémoriser toutes les activités demandant à être automatisées, la régénération de la peau se fait également au cours de ce sommeil. Enfin et c'est important en cette période de pandémie, c'est au cours de ce SLP qu'est régénéré notre système immunitaire, qui va nous protéger contre les bactéries et virus. Donc plus on a de ce sommeil au cours de la nuit, plus nous protégerons notre organisme. 

Or il faut savoir qu'à mesure que la nuit avance, ce SLP diminue fortement en durée, il est très long lors des deux premiers cycles qui durent chacun environ 90 mns, mais dès le 3ème on le voit baisser fortement et carrément disparaitre lors du 4ème ou 5ème cycle. 

À côté de ce SLP important, une autre forme de sommeil l'est, c'est celui qu'on appelle "Sommeil Paradoxal", (SP) ou encore sommeil de rêves. Le paradoxe vient que dans ce sommeil, le cerveau se met en activité alors que les muscles sont totalement inhibés, alors qu'ils sont actifs pendant le SLP, qui est d'ailleurs le sommeil où on peut rencontrer des somnambules, des soliloques (ces personnes qui parlent en dormant), ou encore celles qui ont du bruxisme (celles qui grincent des dents en dormant), parce que le musculaire est actif. 

Le SP, très bref au moment de l'endormissement, ne cesse de voir sa durée augmenter quand la nuit avance. Il est le plus long lors du dernier cycle, si on ne se réveille pas spontanément, on a beaucoup de chances d'être réveillé en plein rêves, soit en cours de SP. C'est un sommeil lui aussi très important car il permet de mettre en mémoire à long terme toutes les nouvelles informations importantes qu'on a apprises dans la journée. 

Comme on le voit, respecter son bien-être nécessite de connaître le fonctionnement de nos rythmes biologiques. 

J'en terminerai aujourd'hui en faisant constater l'importance du bien dormir, mais aussi que contrairement à ce qu'on pense souvent, le matin n'est absolument pas identique à l'après-midi, c'est aussi quelque chose qu'on sait depuis longtemps mais qu'on a trop tendance à oublier. Ceal signifie qu'avoir le plus possible de matinées pour mener à bien les apprentissages est important, d'où l'hérésie française de la semaine de 4 jours, mais aussi, y compris en primaire, avoir des matinés plus longues qu'elles ne le sont le pus souvent, ce que font tous les pays bien mieux classés que nous dans les enquêtes internationales. 

J'espère vous avoir apporté des informations utiles pour préparer la rentrée de vos enfants, si vous avez des questions à me poser concernant cet article, vous pouvez le faire via ce site, en me contactant par son biais sur ma boîte mail. 

Une petite dernière chose, assez vite, si vos enfants se couchent à la bonne heure, ils auront tendance à se réveiller plus tôt que pendant les vacances, encore que bien souvent ils ne font rien d'autre que de "trainer au lit" comme me l'ont affirmé beaucoup de lycéens rencontrés. Profitez en pour prendre avec eux un bon petit déjeuner, contenant des produits protéinés qui aideront la mélatonine à se recharger, contenant également des sucres lents et rapides et des produits fruités, s'ils en prennent l'habitude, ils continueront après la rentrée et cela les aidera aussi beaucoup. 

Bonne fin de vacances à tous nos jeunes et bonne rentrée à venir 

Mes recherches de 1985 à 2012

Le 15/06/2022

J'ai été invitée à communiquer dans un séminaire de la Sorbonne, séminaire d'Histoire des Aménagements des temps des enfants. Il m'avait été demandé de faire l'historique de mes travaux de recherche sur ce thème entre 1985 et 2012.

Cette communication a eu lieu le lundi 13 juin à partir de 16h, elle a été enregistrée, j'ai pensé intéressant de la partager avec celles et ceux qui me suivent sur ce blog. 

La voici donc ci jointe. En fait comme c'est un séminiire d'Histoire, on ne parle pas de l'actualité, mais mes travaux ne se sont évidemment pas arrêtés en 2012 puisqu'ils continuent encore à l'heure actuelle. 

Bonne lecture à vous et vous constaterez que dès cette époque, j'ai prouvé que la semaine de 4 jours est loin d'être la plus pertinente pour les apprentissages des enfants de primaire.

 

 Communication se minaire histoirecommunication-se-minaire-histoire.pdf (192.75 Ko)

Les rythmes à l'école, un peu d'histoire

Le 28/05/2022

Un article publié en 2018 mais toujours d'actualité, qui prouve à quel point le bien-être des adultes prime toujours sur celui des enfants. 

Bonne lecture Rythmes de vie des enfants un peu d histoire c a ne fait pas de mal une tribune de claire leconte dossiers archives touteducrythmes-de-vie-des-enfants-un-peu-d-histoire-c-a-ne-fait-pas-de-mal-une-tribune-de-claire-leconte-dossiers-archives-touteduc.pdf (126.6 Ko)

Pourquoi je critique la Méditation de Pleine conscience dans les écoles

Le 01/02/2022

Voici des arguments pour expliquer pourquoi je parle de conditionnement des enfants quand on leur impose la Méditation de Pleine conscience dans les écoles.

Pourquoi suis-je critique quant à l’installation de la Méditation de Pleine conscience dans les écoles ? Pourquoi parlè-je de conditionnement chez les enfants ?

Suite à un post que j’ai fait concernant une tribune il m’a été demandé pourquoi je suis critique. Certains m’ont même fait remarquer qu’ils l’utilisent régulièrement sans que cela ne pose problème.

Je voudrais tout d’abord dire que je ne me permets pas de comparer ce qu’on impose à des enfants et les choix que font certains adultes pour eux.

Comme l’écrivent les canadiens, on parle dans ce cas de Mindfulness, soit Pleine conscience, Pleine présence, Présence attentionnée. Ce sont « Autant de termes qui définissent le fait d’intentionnellement porter attention au moment présent, sans y apporter de jugement critique. » Ces auteurs canadiens ont analysé les arguments de deux experts de la faculté de médecine de Montréal qui « remettent les pendules à l’heure », car ce mouvement prenant de l’ampleur, et se démocratisant, de nombreuses idées inexactes voire fausses se répandent.

Ces deux experts sont :

* Le docteur Hugues Cormier, professeur au Département de psychiatrie et d’addictologie, psychothérapeute, clinicien-chercheur en médecine préventive, intégrative et attentionnée, et instructeur au Centre ÉPIC de l’Institut de cardiologie de Montréal (ICM) et à l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal.

* Le docteur Nicholas Chadi, professeur adjoint de clinique au Département de pédiatrie, pédiatre spécialisé en toxicomanie et médecine de l’adolescence, et chercheur au CHU Sainte-Justine.

Il serait aussi important de s’interroger sur la capacité de TOUS les enfants de méditer, car la Pleine conscience peut être vécue de deux façons, soit formelle soit informelle. Seule la formelle nécessite de prendre une positon et un temps pour méditer. L’informelle quant à elle, signifie simplement de porter son attention sur l’expérience présente, quelle que soit l’activité.

On prétend souvent que la Pleine conscience c’est se reposer, se relaxer. Voici ce qu’en dit le docteur Chadi. « Certes, la pleine conscience peut être une activité relaxante, mais elle demande tout de même un effort actif. Ce n’est pas mettre son ‘’cerveau à off’’, mais plutôt diriger son attention vers quelque chose de précis, comprendre et ressentir ce qui se passe dans le moment présent. En se concentrant  sur quelque chose de spécifique, on active son cerveau, plutôt que de le relaxer. »

Autre idée reçue, il faut faire le vide. Voilà ce qu’affirme le docteur Cormier : « La pleine conscience n’est pas une suspension des pensées, c’est plutôt une suspension temporaire du jugement critique sur nos pensées. Elle invite à prendre conscience que nous aurons toujours des pensées qui viendront, mais il faut seulement les accueillir, savoir que c’est normal. Il faut développer une relation avec les pensées; rester sur le quai du train des pensées plutôt que d’embarquer dans ce train. »  

Comment mener cela avec de jeunes enfants ?

Sur son site, Hélène Belaunde fait une analyse de l’essai de Ronald Purser, enseignant en Gestion à l’Université d’État de San Francisco, qui a publié dans The Guardian, en juin 2019, un essai, « la conspiration Pleine conscience ».

Pour lui, « si la Méditation Pleine conscience est basée sur des principes positifs, elle a aujourd’hui été intégralement récupérée par le capitalisme et utilisée par de nombreuses compagnies pour inciter leurs employés surexploités à se focaliser sur leur respiration plutôt que le combat pour leurs droits. »

Voici sa conclusion : « Pratiquer la Pleine conscience ne permet pas de critiquer ou remettre en question ce qui est potentiellement injuste, culturellement toxique ou écologiquement destructeur. Au contraire, l’impératif d’ « accepter les choses comme elles sont » tout en exerçant « une conscience de l’instant présent dénuée de jugement » fonctionne comme une forme d’anesthésie sociale, préservant le statu quo. »

Je ne lui donne pas tort. Ce pour quoi je m’autorise à dire que quand c’est imposé à l’enfant, on ne fait rien d’autre que le conditionner.

Hélène Belaunder, qui pratique comme elle le dit semi-régulièrement la Pleine conscience, conclut pourtant ainsi son article : « Ceci ne veut pas dire que la Pleine conscience – ou en tout cas, son incarnation contemporaine – est sans défauts. (…). Il y a des critiques légitimes à lui faire sur plusieurs points.

Il est vrai, par exemple, que la Pleine conscience est aujourd’hui présentée comme la solution magique qui résoud absolument tous les problèmes : en l’adoptant, nous sommes sensés réussir dans notre vie personnelle, professionnelle, sentimentale, sexuelle, et j’en passe. C’est sans doute un peu prématuré... savoir être attentif au moment présent est une excellente chose, mais ce n’est pas une potion magique.

Par ailleurs, la méditation ne réussit pas à tout le monde : dans certains cas, il semblerait même qu’elle empire les symptômes dépressifs ou anxieux (http://nautil.us/blog/the-problem-with-mindfulness) chez des patients. Prudence, donc.

Il y a peu, Sahanika Ratnayake publiait également sur Aeon une analyse (https://aeon.co/es- says/mindfulness-is-loaded-with-troubling-metaphysical-assumptions) sur les problèmes potentiels causés par la Pleine conscience : en insistant sur l’observation neutre, dénuée de jugement, de nos propres phénomènes mentaux, la méditation risquerait de nous détacher de nous-mêmes et nous empêcher de comprendre les raisons de notre souffrance.

Par ailleurs, les principes sur lesquels elle se base concernant la nature de l’être (à savoir, que l’être n’existe tout simplement pas) sont loin d’être évidents. ll est donc judicieux de garder une distance critique vis-à-vis de la Pleine conscience, et éviter de la voir comme une recette à taille unique qui permettrait de résoudre tous les problèmes du monde.

La Pleine conscience, après tout, est une pratique parmi d’autres, qui peut réussir à certains comme elle peut leur nuire. »

Cela ne concerne évidemment que les adultes, mais comment pourrait-on transposer une telle méthode chez les enfants sans prendre de risques ? Il existe bien d’autres techniques de relaxation, dans lesquelles l’enfant est acteur, pour ne pas imposer dans les écoles cette méthode qui annihile beaucoup de nos pensées propres et surtout ne développe pas notre jugement critique.

Je terminerai en reprenant un article publié le 23 avril 2019 sur Agence Science Presse, à savoir, « Trois critiques à la Méditation “Pleine conscience” ».

En particulier, je reprends quelques principes de leur conclusion qui me semblent intéressants concernant les enfants.

Cette conclusion reprend les arguments de Michael Lifshitz et Evan Thompson qui ont écrit un chapitre intitulé « What’s wrong with “the mindfulbrain »? Moving past a neurocentric view of méditation » dans un livre paru en 2019.

Il y a plusieurs problèmes associés à une conception de la méditation trop centrée sur le cerveau. On néglige ainsi l’influence du corps et tout le contexte social.

De récentes études ont par exemple montré que la position de notre corps influence son activité cérébrale. Être assis ou allongé sur le dos change l’activité cérébrale de base. On a même démontré que notre posture influence particulièrement l’activité de régions cérébrales justement associeeś à la méditation, comme le réseau du mode par défaut.

D’autres expériences ont montré comment le contexte social peut avoir des effets importants sur l’expérience subjective de la méditation.

L’une d’entre elles suggérait par exemple à la moitié d’un groupe de novices en méditation que celle-ci allait améliorer leur attention et à l’autre moitié qu’elle allait épuiser leurs capacités attentionnelles limitées.

Résultats : les participants du premier groupe qui avaient des attentes positives par rapport à l’attention ont effectivement amélioré leurs performances attentionnelles, et ceux du deuxième groupe les ont vues diminuer !

La signification que l’on donne à l’exercice de la méditation façonne ses effets subséquents sur notre pensée et même sur notre biologie.

Lifshitz et Thompson concluent leur article en appelant à une science de la méditation qui doit aller plus loin que la seule recherche des changements cérébraux associés. Car ce que la pratique méditative révèle, c’est justement que notre pensée et notre bien-être sont intrinsèquement liés à notre corps et à notre contexte écologique et social au sens large. Un contexte qui peut lui permettre autant d’être un outil d’émancipation et de remise en question qu’une soupape permettant d’endurer le système en place et ses méfaits. »

J’ai volontairement ignoré les critiques relatives au fait que l’introduction de cette technique au sein des écoles publiques contrevient aux principes élémentaires de la laïcité, mais également le fait que cette méthode trouve son origine dans une psychologie bouddhiste visant à développer des qualités universelles de présence attentive, de compassion et de sagesse.

Je milite quant à moi pour que l’école mette en place une pédagogie permettant de travailler coopérativement, qui aide tous les enfants à développer toutes leurs potentialités en leur donnant confiance en eux et en leur permettant de développer leur jugement critique tout en respectant les autres.

Je milite également pour que tous les enfants aient un vrai temps de repos, de relaxation, au moment de la pause méridienne, mais également des temps dans la journée pour « ne rien faire », leur permettant de développer leur créativité et leurs capacités d’observation, et leur apprennent à aimer s’ennuyer.

https://medecine.umontreal.ca/2019/11/20/5-mythes-sur-la-mindfulness/ https://helenebelaunde.com/2019/09/02/la-pleine-conscience-outil-oppressif-ronald-purser/

les enfants s'interrogent sur le changement d'heure

Le 29/10/2021

Une interview de France Info Junior à propos des questions d'enfants de CM2 sur le changement d'heures; 

Voici les réponses que je leur ai apportées.

https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/france-info-junior/franceinfo-junior-qui-a-invente-le-changement-d-heure_4806855.html#xtor=CS2-765-%5Bautres%5D-

Grande fatigue depuis la rentrée, pourquoi ?

Le 10/10/2021

Une interview par une journaliste du Huff Post sur la grande fatigue constatée par nombre de personnes depuis la rentrée; Pourquoi ? Et comment y résister ? 

Des conseils à tous après une analyse du pourquoi cette grande fatigue

 

Comment expliquer cette fatigue intense qui nous envahit depuis la rentre e le huffington post lifecomment-expliquer-cette-fatigue-intense-qui-nous-envahit-depuis-la-rentre-e-le-huffington-post-life.pdf (545.5 Ko)

ne pas systématiquement dramatiser les résultats scolaires

Le 10/10/2021

Une interview sur un site plutôt spécifique aux parents, pour des conseils à leur donner pour éviter de ne voir chez leurs enfants que des résyltats scolaires pas toujours aussi bons qu'ils le souhaiteraient. 

Bonne lecture et permettez à vos enfants d'avoir confiance en eux 

6 raisons de ne pas s inquie ter si votre enfant est un cancre a l e cole magicmaman com6-raisons-de-ne-pas-s-inquie-ter-si-votre-enfant-est-un-cancre-a-l-e-cole-magicmaman.com.pdf (2.11 Mo)