ARVEJ
Merci Martine Aubry
En 1995-1996, le Ministère Jeunesse et Sports lançait des appels à projets pour des expériences d'aménagements des temps de l'enfant portant sur au moins 5 jours. La ville de Lille avait alors répondu à cet appel à projet, une équipe d'enseignants s'étant porté volontaire, dans un quartier très défavorisé, pour réfléchir à une organisation permettant aux enfants de ce quartier à la fois de faire preuve de moins d'absentéisme, mais aussi de plus de plaisir à venir à l'école et à apprendre.
Ils ont pour ce faire, décidé d'ouvrir l'école 6 jours sur 7. Un projet éducatif s'est alors construit avec les Francas, qui alors faisaient de l'accompagnement scolaire dans ce quartier, projet qui assez rapidement s'est construit autour de 6 matinées de 4 h de classe, et une après-midi de 2h de classe, le mardi. Les lundi, jeudi et vendredi, sur 2h, les Francas prenaient le relais pour offrir à tous les enfants des parcours de découverte autour de thèmes tels que les arts et la culture, les activités sportives, science et informatique, citoyenneté.
J'ai participé à la construction de ce projet et construit avec mon équipe de recherche, un protocole d'évaluation afin de mettre en place un comité de suivi.
Après une première année de mise en route (certains parents ont demandé pendant quelques temps si les enfants allaient encore devoir venir à l'école le mercredi !), l'organisation a commencé à démontrer qu'elle permettait de réels changements, dans les attitudes des enfants mais aussi de leurs parents. Le suivi pendant trois ans de ces enfants que nous avons fait l'a prouvé, ils étaient présents, le climat d'école mais aussi du quartier a changé positivement, et les résultats scolaires n'ont cessé de s'améliorer. Lors de la 3ème année, je suis allée voir les enseignants du collège qui recevaient ces enfants, unanimement ils m'ont dit ne plus les reconnaître, ils étaient beaucoup plus autonomes, curieux de tout, et avaient envie d'apprendre.
Un comité de suivi fonctionne tous les trimestres, ce qui évite la cristallisation de possibles difficultés.
Quelques aménagements ont dû se faire au cours du temps, pour quelques problèmes de gestion, mais surtout, en 2008, suite à la publication du décret Darcos, l'école a dû fermer ses portes le samedi matin ! Après avoir fonctionné 12 ans sur 6 matinées !
Elle a alors fonctionné sur 5 matinées de 4h, deux après-midi de 2h de classe et deux après-midi de 2h de parcours de découverte.
Après un premier combat avec le gouvernement précèdent (l'école n'est pas sur 9 demi-journées), combat en grande partie mené par les parents, le groupe scolaire a pu conserver son organisation unique en France.
22 ans après avoir construit ce projet, il a encore fallu le défendre, puisque les parents lillois, majoritairement, ont demandé le retour à 4 jours, il n'était pas gagné que ce groupe scolaire reste seul à 4,5 Jours, même si ça avait déjà été le cas entre 2008 et 2014.
M. le Dasen a accepté de donner une dérogation pour 5 ans, le projet aura alors 27 ans ! comme quoi on peut pérenniser quelque chose qui fonctionne bien, d'abord et avant tout, pour les enfants.
Et Martine Aubry, que je remercie ici d'avoir constamment soutenu ce projet après que l'ait fait Pierre Mauroy avant elle, vient de publier un communiqué que je tiens à partager.
"COMMUNIQUE DE MARTINE AUBRY
Après de nombreux échanges avec l’Education nationale, le Directeur Académique approuve la demande de dérogation de la Ville de poursuivre l’ARVEJ sur le groupe scolaire Victor Duruy et Philippe de Comines à la prochaine rentrée. C’est une très bonne nouvelle pour les enfants de ces écoles, ainsi que pour leurs parents et leurs enseignants !
La Ville met en effet en place depuis plus de 20 ans une organisation expérimentale des temps de l’enfant sur ce groupe scolaire situé à Moulins. Les enseignements sont concentrés sur 7 demi-journées, laissant libres 2 après-midis par semaine pour des activités périscolaires de grande qualité à destination de tous les enfants, organisées et financées par la Ville de Lille.
La Ville a toujours défendu ce dispositif, quelle que soit l’organisation des temps de l’enfant. Il est bénéfique pour les enfants, particulièrement en difficultés, dans ce quartier de Lille, et permet de favoriser les liens entre les familles et l’école, facteur essentiel de réussite scolaire."
Si vraiment on avait voulu que cette réforme fonctionne,on aurait pu le faire, à condition de ne pas rester accrochés aux 9 demi-journées, mais bien à 5 jours, comme ce fut le cas quand ce projet a vu le jour.
Je dois dire que je suis fière aujourd'hui d'avoir participé à cette belle aventure qui se poursuit encore.