Claire Leconte, qui suis-je ?
J’ai commencé ma carrière professionnelle comme professeur de mathématiques en collège, sur un poste de PEGC qui m’a conduite à enseigner la biologie et l’EPS pour les filles passant le BEPC !
Mon expertise en chronobiologie vient de mes dix années passées en tant qu’enseignant-chercheur en psychologie dans un laboratoire du sommeil de l’université de Lille 3 dans lequel nous nous intéressions au rôle du sommeil paradoxal sur la mémoire et les activités cognitives. Ma thèse de doctorat a consisté à évaluer les effets de l’aménagement de l’environnement immédiat de vie des grands prématurés sur la maturation de leur rythme veille-sommeil, qui m’a permis de constater que des stimulations visuelles et auditives, proposées intelligemment et périodiquement dans la couveuse des enfants, leur a permis à la fois une normalisation de la maturation de ce rythme, et une évolution cognitive elle aussi normalisée (évaluée par une collègue doctorante en psychologie). Ce qui m’a conduite à m’intéresser, dès 1980, aux effets d’un aménagement des temps et des espaces scolaires sur les apprentissages et le développement des enfants et des adolescents.
Devenue Professeur de psychologie de l’éducation à Lille 3, j’ai créé le premier certificat de maîtrise, en France, de psychologie de l’éducation, car je m’intéressais à l’enfant dans sa globalité (y compris au regard de ses rythmes biologiques) et dans ses rapports avec son environnement de vie. J’ai créé le centre de formation des psychologues scolaires de Lille et n’ai cessé de mener mes recherches au sein des établissements scolaires, avec et pour les équipes d’enseignants. L'éducation ne se résume pas pour moi, à l'instruction et l'enseignement délivrés par l'école, elle fait partie intégrante de la vie des enfants, y compris des enfants porteurs de handicaps. J'ai ainsi longuement travaillé sur les programmes éducatifs tels le TEACCH (Treatment and Education of Autistic and related Communication Handicapped Children) pour les enfants porteurs de troubles graves du développement mais aussi sur le PEI (Programme d'Enrichissement Instrumental de Feurnstein), pour les enfants et adolescents présentant des difficultés d'apprentissage non liées à un retard mental. J'ai encore participé à l'évaluation des effets d'une molécule susceptible de traiter les troubles d'hyperactivité chez des enfants porteurs d'Infirmité Motrice Cérébrale, dans un centre Bruxellois.
Mes connaissances pratique et théorique de l’enseignement et de l’éducation m’autorisent à dire aujourd’hui qu’on fait des erreurs monumentales en considérant que l’allégement horaire des journées de l’enfant ou encore la prise en considération de certains soit-disant pics de vigilance vont lui permettre une meilleure réussite éducative. C’est bien le travail mené sur les contenus des temps passés par l’enfant au cours de sa journée, sur les méthodes et les pratiques pédagogiques mises en œuvre par tous les acteurs éducatifs qu’il va rencontrer, sur l’ordonnancement réfléchi des séquences pédagogiques se déroulant au cours de sa journée qui va permettre de lui fournir la disponibilité attentionnelle nécessaire à ses apprentissages, sans lui imposer de surcroit de fatigue. Et c’est aussi en refusant l’émiettement de ses temps pour permettre au contraire de réaliser une continuité éducative en lien avec la cohérence donnée à ces divers temps qu’on parviendra à lui faire prendre conscience des compétences, multiples, qui sont les siennes et ainsi à développer chez chacun d’eux une confiance en soi propre à lui donner envie « d’apprendre » et de faire les efforts nécessaires à sa réussite.
Enfin j’ai non seulement participé à la construction de nombreux projets d’aménagements des temps (écoles primaires (élémentaires et maternelles) mais aussi collèges) s’appuyant sur des projets éducatifs construits de façon partenariale, sur toute la France, j’ai aussi été experte dans l’évaluation de tels projets via entre autres ma présence pendant 3 ans au CESARE (Comité d’Évaluation et de Suivi de l’Aménagement des Rythmes de l’Enfant) et la présidence du comité d’évaluation de ces aménagements pour la ville de Strasbourg qu’il m’avait été demandé d’assurer pendant plusieurs années. J'ai ainsi travaillé de près également avec le ministère Jeunesse et Sports et diverses associations partenaires de l'école comme les Francas.
Je pense pouvoir dire ce qu’il est bon ou pas de faire dans l’intérêt de l’enfant mais aussi pour améliorer la qualité de vie de ceux qui interviennent éducativement auprès de ces enfants, qu'ils soient enseignants, parents ou animateurs : de cette qualité de vie dépend le bien-être de l'enfant.