quand une ville a une ambition politique

L'ambition politique d'une ville permet d'offrir à ses enfants un projet éducatif de qualité

La ville de Lannion est un modèle de ville faisant un choix politique au service de ses enfants : le conseil municipal, soutenu par la communauté éducative de la ville, a fait le choix d'un projet éducatif ambitieux qui ne se contente pas de modifier les rythmes scolaires mais bien d'aménager les temps des enfants au mieux de leurs intérêts.

Il  ne reste qu'à espérer que le ministère sera conscient de l'importance de permettre qu'un tel projet se réalise car il a réuni toute la communauté éducative ce qui ne peut qu'être un gage de pérennité. Il conviendrait que toutes les villes décidant d'appliquer la réforme dès 2013 aient une telle ambition politique.

Ouest-France : Lannion : Rythmes scolaires, la ville veut expérimenter

Ouest-France / Bretagne / Lannion / Archives du mardi 26-03-2013

Rythmes scolaires : la ville veut expérimenter - Lannion mardi 26 mars 2013

 

Elle veut s'inscrire, dès la prochaine rentrée, dans la réforme en déployant un dispositif reposant sur sept demi-journées de cours et deux demi-journées de « parcours éducatifs ». Patrice Kervaon, maire adjoint aux affaires scolaires, a dû faire preuve de pédagogie, hier soir au conseil municipal, pour expliquer le projet de la ville en matière de réforme des rythmes scolaires. Car si personne n'a été surpris d'entendre la majorité confirmer qu'elle voulait adopter la semaine de quatre jours et demi dès la prochaine rentrée, certains n'ont pas compris pourquoi il lui fallait demander une dérogation. Le projet gouvernemental prévoit en effet que puissent être accordées des dérogations, mais uniquement aux communes souhaitant attendre 2014 pour l'appliquer.

« Projet ambitieux » En fait, c'est parce que la ville veut mettre en oeuvre un dispositif original qui n'entre pas dans le cadre fixé par la réforme puisqu'il repose sur sept demi-journées de cours et deux demi-journées d'activités extrascolaires. Un « projet ambitieux » issu d'une « large concertation entre enseignants, parents, agents municipaux pilotée par l'Inspection de l'Éducation nationale et les élus », selon Patrice Kervaon. Il consisterait à proposer tous les jours des matinées de cours de quatre heures, coupées par deux pauses, puis deux après-midi de cours et deux après-midi de « parcours éducatifs » de deux heures. Parcours à « dominante sportive, artistique, culturelle dont les contenus seront organisés entre chaque période de vacances scolaires. Les enfants participeront, par exemple, à des activités sportives pendant une période, puis artistiques à une autre période, et ainsi de suite ».

Un choix explicité par Christian Hunaut, maire adjoint à l'enfance-jeunesse : « Claire Leconte (1) avait bien montré pourquoi il n'était pas pertinent d'organiser, chaque jour, des petites séquences d'activités et qu'il valait mieux les regrouper. Et on est prêts à mettre en oeuvre ce dispositif, sachant qu'on y travaille depuis deux ans dans le cadre de notre projet éducatif local. » Interrogé sur l'encadrement à mettre en place, Patrice Kervaon a rappelé qu'il « correspondra à un taux d'encadrement et de qualification du personnel défini par les textes ». Quant au coût, il est évalué entre 200 et 300 € par enfant, pour environ 1 500 élèves. « L'Académie nous soutient » Mais, pour l'appliquer, la commune doit demander une dérogation car, selon Patrice Kervaon, « le décret précise que l'organisation du temps scolaire doit se faire sur neuf demi-journées réparties sur quatre jours et demi ».

D'où la demande faite par la mairie pour que Lannion puisse devenir « ville expérimentale en la matière et l'Académie nous soutient », affirme le maire, Christian Marquet. Reste que, faute d'obtenir cette dérogation d'ici le 15 avril, un plan B est aussi dans les tuyaux pour la rentrée prochaine. Il consisterait à ajouter une heure de cours dans les après-midi dévolus aux parcours éducatifs ramenés à 1 h 30. Et s'il n'est pas non plus possible de le mettre en oeuvre « la date de démarrage sera reportée à 2014 ». Ces explications n'ont pas suffi à convaincre les élus de l'opposition de droite qui ont voté contre le projet en doutant que « ce soit exécutable dès 2013 ». Ni les conseillers des deux autres groupes minoritaires qui se sont abstenus. Jean-Jacques Monnier déplorant « un temps de concertation très limité », Joëlle Herlidou estimant, quant à elle que « quatre heures de cours le matin, c'est beaucoup trop même s'il y a des coupures ». Deux élus de la majorité, Denis Orjol et Yann Le Tensorer (Parti de gauche) se sont eux aussi abstenus.

(1) Professeur de psychologie de l'éducation à l'Université de Lille 3, chercheuse en chronobiologie, elle avait animé une conférence sur le sujet au Carré magique en février.

Loïc BEAUVERGER

Rythmes scolaires - la CFDT soutient la ville de Lannion

Ouest-France / Bretagne / Lannion / Archives du mercredi 27-03-2013

Rythmes scolaires : la CFDT soutient la ville - Lannion

mercredi 27 mars 2013

Le syndicat a écrit au ministère pour défendre le projet lannionnais reposant sur sept demi-journées de cours.

Le Sgen-CFDT déclare, dans un communiqué, soutenir « l'expérimentation que souhaite mener la municipalité de Lannion » en matière de rythmes scolaires (lire notre édition d'hier). D'ailleurs, « devant les risques de blocage du projet » celui-ci dit avoir « alerté il y a quelques semaines » sa fédération.

C'est ce qui a conduit Joël Devoulon, secrétaire national Sgen-CFDT, à écrire à Jean-Paul Delahaye, directeur général de l'enseignement scolaire au ministère de l'Éducation nationale, pour défendre le projet lannionnais qui constitue, selon lui « une proposition originale qui peut apporter des enseignements utiles si elle est mise en oeuvre, suivie et évaluée quand le temps sera venu. La difficulté c'est la non-conformité avec les dispositions du décret mais il nous semble que ce projet correspond dans son esprit aux objectifs de réussite de tous qui justifient cette réforme des rythmes. On y retrouve en effet une vraie continuité pédagogique avec cinq matinées consécutives ainsi qu'un effort de continuité éducative puisqu'à notre connaissance, il y a accord totalement pour une prise en charge des élèves sur les temps périscolaires. Les activités périscolaires seraient prises en charge sur deux après-midi chaque semaine, complétant ainsi le projet d'aménagement des rythmes scolaires avec des possibilités améliorées d'utilisation des structures culturelles et sportives de Lannion et des communes proches qui s'y associeraient ».

Le Sgen-CFDT demande donc au ministère que « soit examinée avec toute la bienveillance nécessaire la possibilité d'autoriser ce projet sous la forme d'une expérience au titre de l'article 3-4 ».