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Une vraie réforme M. le Ministre ?

Le 26/05/2013

Soutien au ministre de l’Éducation nationale

Depuis quelques temps, il me revient que je ne suis plus vraiment « bienvenue » pour apporter une information utile aux enseignants quant aux connaissances qu’il leur faut avoir pour être acteur – et non uniquement utilisateur – dans les projets éducatifs en train de se construire pour appliquer le plus favorablement possible, d’abord dans l’intérêt des enfants, la réforme dite des « rythmes scolaires » !

On me reproche entre autres du côté de l’Éducation nationale, de ne pas être suffisamment « institutionnelle » et d’avoir une intervention qui serait « une chimère » ! Ou encore qu’il vaut mieux que je ne m’adresse pas aux enseignants d’une circonscription car je suis « contre le gouvernement » !

En tant que militante, je tiens à faire savoir que loin d’être contre le gouvernement et qui plus est contre le ministre de l’Éducation nationale, je ne cesse au contraire de tenter de lui faire prendre conscience que la façon dont il a communiqué pour appliquer sa réforme pourtant attendue de tous n’a pas du tout été la bonne. Or il persiste dans son attitude, convaincu qu’il a fait les bons choix, y compris en s’entourant de ceux qu’il considère comme les plus experts pour l’aider à appliquer sa réforme dans les meilleures conditions.

Qu’on en juge, deux villes PS, deux modalités d’application de la réforme, deux formes de réactions de l’ensemble de la population :

LANNION ; la ville a eu le courage de m’inviter à assurer une soirée débat autour de la réforme des rythmes le 21 février 2013. Cette ville m’avait également demandé si j’acceptais de participer aux premiers ateliers de réflexion le 22 février au matin, ateliers regroupant des représentants de tous les acteurs de la communauté éducative. Y étaient présents les directeurs de toutes les écoles, une IEN, des conseillères pédagogiques, des représentants de parents d’élèves, des ATSEM, des professionnels d’associations partenaires, des techniciens de la mairie, etc . À la fin de cette matinée de travail, un projet d’organisation a obtenu le consensus de tous les présents, le maire étant présent au moment de la synthèse, il a décidé de tenir compte des résultats de ce travail partenarial.

Les sondages qui ont suivi ont montré que les parents étaient favorables à cet aménagement, que 93% de l’ensemble des enseignants de la ville y étaient aussi favorables et prêts à démarrer sur ce modèle dès la rentrée 2013.

Le 25 mars 2013 le conseil municipal votait « pour » le démarrage en 2013 de cet aménagement des temps de l’enfant : Il consisterait à proposer tous les jours des matinées de cours de quatre heures, coupées par deux pauses, puis deux après-midi de cours et deux après-midi de « parcours éducatifs » de deux heures. Parcours à « dominante sportive, artistique, culturelle dont les contenus seront organisés entre chaque période de vacances scolaires. Les enfants participeront, par exemple, à des activités sportives pendant une période, puis artistiques à une autre période, et ainsi de suite ».

Interrogé sur l'encadrement à mettre en place, Patrice Kervaon a rappelé qu'il « correspondra à un taux d'encadrement et de qualification du personnel défini par les textes ». Quant au coût, il est évalué entre 200 et 300 € par enfant, pour environ 1 500 élèves.

Mais, pour l'appliquer, la commune doit demander une dérogation car, selon Patrice Kervaon, « le décret précise que l'organisation du temps scolaire doit se faire sur neuf demi-journées réparties sur quatre jours et demi ». D'où la demande faite par la mairie pour que Lannion puisse devenir « ville expérimentale en la matière et l'Académie nous soutient », affirme le maire, Christian Marquet. Reste que, faute d'obtenir cette dérogation d'ici le 15 avril, un plan B est aussi dans les tuyaux pour la rentrée prochaine. Il consisterait à ajouter une heure de cours dans les après-midi dévolus aux parcours éducatifs ramenés à 1 h 30. Et s'il n'est pas non plus possible de le mettre en oeuvre « la date de démarrage sera reportée à 2014 ».

Plusieurs communes environnantes de Lannion ont fait savoir à ce jour qu’une telle organisation leur conviendrait parfaitement bien.

Le 27 mars 2013, le SGEN-CFDT national fait savoir par un communiqué envoyé au ministre qu’il défend le projet lannionais reposant sur sept demi-journées. « Ce projet correspond dans son esprit aux objectifs de réussite de tous qui justifient cette réforme des rythmes ».


TOURS : autre tactique, autre résultat. Le 18 mars 2013, le maire de Tours, Jean Germain, défend le passage à la semaine de 4 jours et demi dès 2013.

Son plan : commencer les enseignements une demi-heure plus tard, à 9 heures au lieu de 8h30, tout en garantissant une prise en charge des enfants par le périscolaire dès 7h30, comme c’est déjà le cas aujourd’hui ; rallonger la pause méridienne d’un quart d’heure ; créer une plage d’enseignement le mercredi matin entre 9 heures et 12 heures, en gardant les enfants jusqu’à 12h30. Pour le reste, rien ne change : fin de la classe à 16h30, périscolaire jusqu'à 18h30.

Il explique sa démarche : « Ça ne sera pas plus facile en 2014, en pleine campagne municipale. Sur un plan politique, c’est plus simple pour moi en ce moment. Le ministre de l’Education nationale Vincent Peillon, qui a assoupli le taux d'encadrement des enfants et assure une prise en charge financière, nous permet de commencer dès 2013 ».

À la remarque qui lui est faite par un journaliste que ce n’est pas l’avis de ses collègues, y compris socialistes, il répond : « Avant d’être maire, j’ai été président de l’Université de Tours. Le doyen de l’UFR de Sciences humaines était François Testu, doyen de la chronobiologie en France (que fait-il d’Alain Reinberg ? NDA). C’est un sujet qui nous est familier. Nous voyons tout l’intérêt qu’il y a à avoir des temps d’enseignement moins longs, à pouvoir dormir plus longtemps le matin, à avoir une journée plus équilibrée avec 2h45 d’enseignement le matin et 2h30 l’après-midi… Dans notre schéma, les élèves sont en classe aux heures les plus favorables à l’apprentissage….

Le système n’est pas gênant pour les parents, puisque l’accueil périscolaire est maintenu le matin dès 7h30 et la ville prend financièrement en charge la demi-heure supplémentaire, entre 8h30 et 9 heures. De même, le périscolaire du soir, entre 16h30 et 18h30, reste inchangé, avec un place importante pour les études surveillées. Finalement, on revient aux horaires qu’ont connus nos grand-mères.

Pour les enseignants, la journée est un peu plus courte. Ils ne sont pas toujours d’accord mais pour les syndicats, c'était "la solution la moins pire". Ils peuvent planifier leurs Activités Pédagogiques Complémentaires avant 9 heures, après 16h30 ou pendant la pause méridienne, qui augmente très peu - ce qui était leur hantise.

Nous scolarisons 9.000 enfants. Le soir, nous en accueillons 1.900. Le matin, 500. Les gens s’organiseront différemment, s’entraideront... Le matin, on devrait passer à 700, 800 enfants maximum. Et le personnel municipal, qui assure l’entretien le mercredi, aura le temps de faire le ménage le matin….

Je suis socialiste. Mon gouvernement propose une réforme. Mon premier sujet n’est pas de la cartonner. Je suis un gars simple.

J’ai une conception républicaine de l’intérêt général, qui l’emporte sur les intérêts particuliers. 2014 a été proposé comme une dérogation. Je préfère être dans la moyenne et la normalité. Je réserve mes grandes bagarres pour des sujets majeurs. »

Le 28 mars 2013, un communiqué de presse dénonçait « le zèle du maire de Tours et sa précipitation à mettre en œuvre cette réforme sans en avoir les moyens, notamment humains, est incompréhensible. En effet, rien ne saurait justifier cette urgence alors que les modalités d'application de cette réforme sont contestées par l’ensemble des protagonistes, incluant la coordination des écoles publiques de Tours ! Les prestataires de services chargés de l'accueil périscolaire et des centres de loisirs du mercredi ont également attiré l'attention de la municipalité sur les problèmes que leur posait la mise en oeuvre immédiate de cette réforme, à Tours.

Jean GERMAIN semble donc faire son choix en fonction de critères personnels, tactiques et politiciens, sans avoir consulté au préalable les acteurs de la vie socioéducative, des familles aux enseignants, et à l’ensemble des structures d’accueil de nos enfants ».

Et le 15 mai 2013, on apprend que la colère monte à Tours et à Joué les Tours : à Tours, la coordination des écoles a mené une vaste consultation auprès de 3500 parents d'élèves. Bilan : 7% des parents seulement approuvent le projet de la ville. Comme sur la ville de Tours, l'organisation des nouveaux rythmes scolaires dès la rentrée de 2013 à Joué-lès-Tours ne passe pas auprès des enseignants et des parents d'élèves. Ils se sont retrouvés ce mercredi sur le parvis de l'hôtel de ville et dénoncent un passage en force de la part de la mairie.

Voilà Monsieur le Ministre, ce ne sont que deux exemples parmi tant d’autres que je pourrais prendre.

Inutile ici de rajouter que pour Lannion, vous avez dit Non alors que pour Tours, aucune demande de dérogation donc aucune raison de refuser !

Lannion a respecté son engagement, le plan B n’étant pas soutenu par la population, la mairie renvoie la mise en œuvre de la réforme à 2014, afin de poursuivre les concertations.

Mais objectivement et honnêtement, dans lequel des deux cas votre réforme est-elle la mieux appliquée, en tenant compte à la fois réellement des besoins de tous les enfants, de ceux des parents et de la qualité de vie professionnelle des adultes qui encadreront les enfants dans ses différents temps éducatifs, scolaires et non scolaires ?

Autre remarque : dans son guide pour l’application de sa réforme, le ministère met en exergue trois villes qui « expérimentent les nouveaux rythmes » pour la troisième année (oubliant évidemment Épinal, près de 20 ans d’expérience, Lille, 17 ans, Mulhouse, plus de 15 ans, La Roche sur Yon, 12 ans !). Aucune de ces trois villes ne va généraliser sur l’ensemble des écoles le type d’organisation mis en place en 2010 ! Dans l’une de ces trois villes « modèle » avec lesquelles je travaille depuis trois ans, après la rapide prise de conscience de ce que des activités sur ¾ d’h en fin de journée ne permettaient absolument pas un accompagnement de qualité des enfants ni le moindre lien avec l’école, la ville a rapidement mis la main au tiroir caisse pour prolonger ces périodes d’activités jusqu’à en faire chaque jour 1h30 après l’école. Quelle collectivité trouverait les moyens d’encadrer gratuitement pour les familles, les enfants pendant 1h30 chaque jour pendant 4 jours ? Cela par ailleurs, n’empêchait pas la coordinatrice de ces activités de me dire en mai 2012 que les enseignants de l’école, en majorité,  ne connaissaient pas les contenus de ce qui était fait dans ces moments là.

Quelle implication des enseignants dans un tel projet ?

Dans une autre de ces villes, les enseignants de l’école expérimentale ont refusé, pour la seconde fois, de remplir les questionnaires de satisfaction et de qualité de vie professionnelle qui font partie du protocole d’évaluation qu’il m’a été demandé de mettre en place au même titre que pour l’école témoin. Quelle interprétation dois-je en faire ? Sont-ils tellement satisfaits qu’ils refusent de le faire savoir !?

Mais au fait, l’Éducation nationale cherche-t-elle vraiment à permettre à ses enseignants de l’école primaire de retrouver une qualité de vie professionnelle, de retrouver les fondamentaux de leur métier, alors qu’ils ont été tellement bousculés ces dernières années que le burn-out chez eux a fortement augmenté ?

L’État s’engage-t-il vraiment à qualifier et valoriser le métier des animateurs qui interviendront auprès des enfants dans les temps libérés par l’école, où que ceux-ci soient placés d’ailleurs ?

Monsieur le Ministre, très objectivement, si vous aviez le choix, dans laquelle de ces deux écoles, lannionaise ou tourangelle, inscririez-vous vos petits-enfants ?

 

Fait à Villeneuve d’Ascq, le 26 mai 2013 

Une bonne réforme pour les rythmes ?

Le 11/05/2013

Pour la petite histoire relativement à cet entretien :

Il s'agit d'une interview que j'avais donnée au mois de mars pour les journaux du PS à La Rochelle et en Charente-Maritime suite à une conférence débat que j'avais acceptée de faire à la demande d'une commune proche de La Rochelle.

Cette interview a été publiée normalement sur le site de la section de La Rochelle et signalée dans le journal de la section, à ce niveau-là pas de problème. 

Par contre dans le journal fédéral de Charente Maritime où elle devait être publiée, et ce contrairement à la première mouture vue par l'auteur de l'nterview, les 6 pages ont été complètement édulcorées et réduites au paragraphe concernant les expériences lilloises que j'ai suivies. Telles que cellles-ci sont présentées, elles donnent à croire que c'est grâce à la réforme telle qu'elle est présentée que les mieux-vivre des enfants comme des enseignants ont pu être constatés et évalués et donc que je soutiens sans réserve la façon dont la "réforme" a été engagée.

Pour ne rien arranger, en fin d'article il est annoncé qu'au delà de mon expérience lilloise je réponds à leurs questions sur l'impact des rythmes scolaires et la proposition du gouvernement : bien évidemment, quand on clique sur l'adresse du site fourni, impossible d'avoir accès à l'intégralité de cette interview !

Qui à la fédération de Charente Maritime s'autorise à censurer tout propos susceptible de remettre en question des positions gouvernementales alors même que ces remises en question ne relèvent que d'une honnêteté intellectuelle d'une spécialiste ayant sillonné le territoire national et connaissant parfaitement les terrains scolaires ? Croit-on vraiment rendre ainsi service au ministère concerné en le laissant penser que sa réforme est parfaitement bien conduite sur le terrain ? 

Le comité de suivi mis en place par ce ministère aura-t-il le courage de réellement mettre en garde le ministère sur le fait que contrairement à ce qu'il veut croire, tout ne se met pas en place au mieux de l'intérêt des enfants ? L'un de ses membres n'hésite pas à dire : "Malgré les contraintes imposées par le décret et les faibles marges de manœuvre dont nous disposions, nous avons décidé d’y aller sur la ville de Brest". Pourquoi alors ne dénonce-t-il pas vraiment ces contraintes pour qu'on parvienne enfin à les dépasser ? Il suffirait d'accepter de modifier un terme du décret qui rigidifie tout l'ensemble et génère ces contraintes, ne plus parler de semaine de 9 demi-journées mais bien de semaines de 4 jours et demi comme le disent d'ailleurs aussi bien le ministre que toute personne qui parle de cette réforme, experte ou non. Darcos avait d'un trait de plume dit qu'on remplaçait le "terme semaine de 5 jours" par le terme "semaine de 9 demi-journées", pourquoi Vincent Peillon n'a-t-il pas su retourner le texte ? Quel pays au monde parle de semaine en demi-journées ? La plupart des élus qui souhaitent honnêtement construire de vrais projets éducatifs constatent que cet enfermement dans un cadre totalement rigidifié ne leur laisse que peu de possibilités de construire quelque chose d'ambitieux. Et Paris est loin d'être le modèle pour ce faire, même s'il est actuellement pris comme référence pour ceux qui veulent découper la semaine autrement qu'à partir des quelques exemples donnés par le ministère et repris sans analyse par les IEN qui présentent la réforme dans leurs circonscriptions en oubliant la plupart du temps d'évoquer les quelques dérogations autorisées par le décret, tant ils sont avant tout obsédés par leur gestion des remplacements ! Qui aura le courage de leur dire que si cette réforme était bien conduite, elle permettrait aux enseignants de retrouver une qualité de vie professionnelle qui permettrait que l'on ait moins besoin de remplaçants car il y aurait beaucoup moins d'absentéïsme ? Moi je le dis, 

Bonne lecture.



Rythmes scolaires: interview de Claire Leconte, Chronobiologiste.

Le 21 mars 2013 par la Section de La Rochelle

Interview de Claire Leconte, chronobiologiste, professeur émérite des universités en psychologie de l’éducation à Lille 3, ex-responsable de l’équipe de recherche « Temps et cognition » et adhérente du PS.

1) LES RYTHMES :

Perspectives socialistes : L’Ecole telle qu’elle fonctionne aujourd’hui respecte t-elle les rythmes biologiques des enfants ?

Claire Leconte :  Elle ne respecte ni ses rythmes biologiques ni ses rythmes d’apprentissage. La semaine de 4 jours génère des ruptures constantes au cours de la semaine, ce qui ne peut aider à respecter la régularité du rythme veille-sommeil, régularité beaucoup plus importante chez l’enfant de cet âge que la durée irrégulière et répétée du temps de sommeil provoquée par les « grasses matinées », peu profitables qualitativement parlant.
 De plus cette semaine de 4 jours ne contient que 4 matinées alors que ce sont les moments les plus favorables aux apprentissages car moments de plus grande disponibilité cognitive. On constate beaucoup de perte de temps dû au fait qu’une part non négligeable des apprentissages doit se faire sur des après midi beaucoup moins propices à cela. On crée ainsi une massification des apprentissages alors que les psychologues ont depuis longtemps démontré que ceux-ci sont favorisés quand ils sont bien distribués au cours du temps.

P S : Pourquoi réfutes-tu le terme de « rythmes scolaires » ?

C L : Ce terme, franco-français, est une évolution du langage totalement liée à l’évolution des connaissances scientifiques apparu dans les années 70. L’idée qu’il porte est que les emplois du temps scolaire doivent respecter le mieux possible les besoins à présent connus du point de vue des rythmes biologiques des enfants, en particulier en ce qui concerne le rythme veille-sommeil . Ce rythme circadien important révèle le fait qu’il existe une interaction permanente entre la veille et le sommeil, qui a quant à lui un rythme propre, génétiquement programmé, mais qui est aussi très dépendant de la « pression de sommeil », ce qu’on appelle traditionnellement la « bonne fatigue ». Celle ci est totalement dépendante de l’ensemble des activités réalisées au cours de sa journée par l’enfant, soit autant ce qui se passe en classe qu’en dehors de la classe.
Or à l’heure actuelle, le temps strictement scolaire, soit 864 h annuelles, ne représente plus que moins de 10% du temps de vie total de l’enfant. Pourquoi dès lors ne s’intéresser qu’à ces 10% sans tenir compte des 90% « restants », dont en moyenne 42 à 43% de temps de sommeil ? 
On voit bien que c’est un non-sens de vouloir ne se préoccuper que des rythmes scolaires, alors même que ce sont tous les temps de l’enfant qu’il est nécessaire de réaménager, parmi lesquels, de fait, nous avons les temps scolaires. De plus s’intéresser à l’aménagement des temps nécessite une réflexion que ne permet absolument pas celle sur les rythmes scolaires, qui dès lors ne se préoccupe plus que d’horaires au lieu de se focaliser sur les contenus des temps et les méthodes et pratiques pédagogiques utilisées lors de ces temps.
Enfin d’un point de vue scientifique, sachant qu’on dit d’un événement qu’il est rythmé s’il se reproduit à l’identique en fonction d’une certaine périodicité, on est en droit de se demander ce qui, dans le scolaire, se reproduit à l’identique ! Et en fonction d’une certaine périodicité.

2) LE SAMEDI :

P S : Le mercredi matin semble avoir été choisi comme la nouvelle demi-journée supplémentaire. Que dire aux détracteurs du samedi matin (parents, enseignants, inspecteurs) pour les convaincre du bien-fondé de ce choix éventuel ?

C L : La question fondamentale que je me pose est « quel est le lobby qui a fait pression pour obtenir que ce soit le mercredi qui soit obligatoire et le samedi dérogatoire » ? J’aimerais avoir une réponse à la question que je me pose depuis quelques temps puisque jusqu’en 2008, l’école française était majoritairement ouverte le samedi matin.
 Le samedi chômé est avant tout lié à une croyance religieuse, (7è jour de la semaine, jour de repos de l’Éternel selon la Bible). Il faut attendre un concile en 364 pour que le dimanche devienne le jour de repos des chrétiens (jour de prière déjà retenu par certains chrétiens depuis la résurrection de Jésus, un dimanche). Face à l’accélération des échanges commerciaux, l’église impose au 15è siècle à ceux qui pratiquent le commerce de l’argent une journée pour se purifier avant « le jour du Seigneur » ! Notons encore que dans le droit du travail, le samedi n’a aucun statut particulier puisqu’il fait partie des 6 jours calculés pour une semaine de congés.

Ce petit rappel historique pour confirmer que d’un point de vue strictement laïque, le samedi n’a aucun statut spécifique. On en finit d’ailleurs par oublier tous les travailleurs du samedi (santé, transports, commerces, hôtellerie-restauration, médias de toutes sortes, sécurité, etc..).
Le samedi correspond à une fin de semaine, on peut organiser pédagogiquement ce temps par rapport à ce qu’a été la semaine qui a précédé, tous les enseignants s’accordent à reconnaître que le climat d’école à ce moment là est particulièrement serein. C’est un jour de plus grande disponibilité des adultes, qu’ils soient enseignants ou parents, ce qui permet des rencontres que ne permettent pas les autres jours de la semaine.


Par rapport aux parents séparés, il faut rappeler à quel point pour l’enfant, la présence à l’école des deux parents, au cours de la semaine, est particulièrement importante. La personne qui n’a pas l’enfant au long de la semaine doit pouvoir rencontrer à la fois les enseignants et les autres parents, ce qui n’est possible que le samedi matin.


L’absentéisme est parfois mis en avant pour combattre l’école du samedi, constatons simplement que là où l’école a su s’ouvrir aux familles, cet absentéisme n’existe pas, de plus un projet éducatif intégrant les parents comme partenaires éducatifs ne peut que les convaincre de ce que le samedi est une demi-journée de classe comme toute autre dans la semaine, elle fait partie des 24h obligatoires.

P S : En quoi la coupure de 2 jours le week-end ne rend-elle pas service aux enfants ?

C L : Toutes les recherches en chronobiologie ont montré que cette longue coupure génère une désynchronisation interne, liée à un retard massif du coucher dès le vendredi soir, chez tous les enfants, y compris aujourd’hui en maternelle. De plus on constate que pour une majorité d’enfants, cette longue coupure n’est pas à même de leur apporter l’ouverture culturelle (au sens large) qu’on est en droit d’attendre pour tout enfant, y compris à cause des coûts que cette ouverture impose pour certaines familles. Les enfants ont donc souvent pendant ce week-end des temps contraints, des temps passifs, plus fatigants qu’on ne le pense souvent, d’autant que les retards de coucher sont souvent accompagnés par des retards de lever qui en fait génèrent un mal-être qui se fait ressentir encore le lundi. 
Les comparaisons faites entre école le mercredi et école le samedi ont systématiquement montré que le bien-être global de tous les enfants va au profit du samedi. Bien souvent la rupture du mercredi, y compris quand les deux parents travaillent, ne créent pas de déplacement important dans le rythme veille-sommeil, mais permet, lorsque les enfants sont en collectivité, un rythme allégé par rapport à celui qu’ils ont en classe. D’où le sentiment de « repos » accordé souvent au mercredi.
 Enfin on ne peut ignorer que les parents qui travaillent tous les deux toute la semaine ont bien souvent besoin de temps pour eux, ou de temps pour faire les tâches ingrates auxquelles les enfants n’ont pas forcément besoin de participer, avoir du temps pour les faire sereinement permet d’améliorer la qualité des temps restants sur le week-end pour la communication et les interactions familiales.

3) LA PAUSE MERIDIENNE :

P S : L’allongement de la pause méridienne permettra t-elle aux enfants de mieux apprendre l’après-midi ?

C L : Cette pause méridienne apparaît à un moment particulier de la journée qui est le milieu du rythme circadien, comme son nom l’indique c’est bien une pause qu’il est nécessaire d’offrir aux enfants. Il a parfois été dit que l’allongement permet de voir revenir après 15h30 un retour de l’attention propice à reprendre les apprentissages scolaires. Ce retour souvent évoqué est celui d’un niveau de vigilance permettant de retrouver des temps de réaction très rapides (études faites au début du 20è siècle chez des standardistes pour lesquelles on évaluait les variations attentionnelles au cours de la journée quant à leur rapidité à changer les fiches téléphoniques de place en fonction des appels ! Peut-on comparer nos élèves à ces standardistes?). Les auteurs eux-même, qui ont souvent défendu l’idée de ces courbes, précisent dans différents écrits que cette reprise n’est réelle qu’à certains âges (pas du tout chez les plus jeunes), certains jours, en fonction des tâches à réaliser mais aussi en fonction de l’occupation des temps qui précèdent et des temps qui succèdent.
Tout adulte sait fort bien que l’après midi n’est jamais identique à la matinée chez les enfants pour les apprentissages nécessitant une attention soutenue, penser qu’on permettra aux enfants de se remobiliser pour apprendre après avoir eu une longue interruption est un leurre car on ne tient pas compte des connaissances que l’on a depuis longtemps en psychologie à savoir que moins les activités sont morcelées, plus elle provoque de la motivation et plus elles apparaissent intéressantes à ceux qui les exécutent. Introduire en milieu de journée une longue interruption, encadrée par d’autres adultes, ne fait que créer un émiettement dans les temps tout à fait improductif.

P S : Que proposerais-tu pour rendre la pause méridienne la plus bénéfique possible ?

C L Elle doit impérativement être une pause, c’est-à-dire qu’elle doit permettre à tout enfant de se relaxer, de se décontracter, de se reposer, de déstresser. Son niveau de vigilance physiologique est à ce moment là, au plus bas ce qui signifie que tout effort à fournir pour exécuter quelque activité que ce soit sera beaucoup plus coûteux qu’à n’importe quel autre moment de la journée.

Un suivi dans un service d’urgence hospitalier, pendant plusieurs années, a montré que c’est à ce moment là de la journée que les traumatismes physiques sont les plus fréquents.
 Cela nécessite que les établissements scolaires aménagent les espaces en conséquence, pas uniquement avec des dortoirs pour tous, mais il faut que des coins lecture, des coins de jeux calmes, des coins de repos soient aménagés un peu partout dans l’école. Il est aussi recommandé d’aménager les cours de récréation avec des jeux dessinés au sol (marelle, jeu d’échec géant, jeu de go, etc) ce qui permet de délimiter les espaces, et réduit considérablement les courses effrénées dans tous les sens et les accidents qui en découlent. Cela permet aussi, à condition qu’un travail sur la citoyenneté soit mené, de pacifier ces espaces, car chacun apprend à respecter les activités des uns et des autres. 
Le « chacun son tour » fait partie des programmes mis en place pour le « vivre ensemble ».
 Cela signifie encore qu’il est indispensable de procurer une formation spécifique aux adultes encadrant ces temps particuliers, afin qu’ils apprennent à connaître les vrais besoins des enfants à ces moments là, et qu’ils adaptent leurs demandes et leurs attentes à ces besoins.
 Cette organisation spécifique doit avoir lieu aussi bien avant le repas qu’après en fonction du nombre de services nécessaires. Ce pour quoi une pause méridienne de deux heures peut être nécessaire pour permettre à tous de manger dans les meilleurs conditions possibles. Les expériences de self mises en place avec un travail éducatif réalisé avec les élèves pour utiliser le plus fonctionnellement possible ce self, tant du point de vue du choix des aliments que du point de vue du rythme de prise de repas à respecter, se sont révélées tout à fait efficaces pour permettre à chacun de manger à son propre rythme mais aussi de choisir les compagnons de repas, ce qui est important à ce moment où chaque adulte sait fort bien qu’il ne va pas manger avec « n’importe qui » le midi !

Enfin pour les plus jeunes, il faut leur permettre de bénéficier de la sieste immédiatement à la fin du repas, surtout ne pas les laisser s’énerver d’abord en cours de récréation, ce qui les empêchera forcément de s’endormir ensuite. Des conventions éducation nationale-mairie doivent être signées pour que la sieste commence sous la responsabilité des ATSEM, mais là encore il faut apprendre à connaître les enfants : tout enfant de deux ans et demi n’a pas forcément besoin d’une longue sieste tous les jours alors que ce peut être le cas de certains enfants de 4 ans. Faire entendre aux familles qu’il n’est pas question que la sieste serve de compensation à un sommeil de nuit déficient.
Il n’est guère normal de voir parfois des enfants passer tout l’après midi en sieste, et devoir être réveillés pour se préparer à repartir avec les parents !

4) TON EXPERIENCE PERSONNELLE :

P S : Quel dispositif as-tu choisi de mettre en place dans les écoles que tu suis dans la région lilloise ?

C L : Depuis 1996 nous avions décidé d’organiser une semaine répondant le plus possible aux besoins et aux capacités des enfants. Nous avons donc mis en place une semaine de 6 jours, 5 matinées de 4h (lundi, mardi, mercredi, jeudi et vendredi) et 3h le samedi matin et nous avions placé 2h de classe le mardi après midi, jour considéré comme un des meilleurs de la semaine. La semaine scolaire à l’époque était à 26h, pour récupérer la 26è heure manquante, nous partions un peu plus tard en juillet et revenions un peu plus tôt en août. 
Les 3 après midi ainsi libérées, outre celle du mercredi, étaient consacrées à des activités éducatives non scolaires, construites avec l’association des Francas qui connaissait tout à fait bien la population de ce groupe scolaire. Un travail de construction a été menée pour monter ce projet, permettant une mise en cohérence entre le projet d’école et les activités ainsi proposées, pour réellement développer une cohérence entre les temps, pour permettre une vraie continuité éducative.
 Nous avons très rapidement pu constater d’énormes changements, dans le rythme veille-sommeil des enfants pour commencer, ce qui a très vite eu des répercussions sur leurs apprentissages et par la même, sur les évaluations scolaires. Tout le climat d’école en a bénéficié mais aussi celui du quartier puisque les enfants ont appris, grâce aux parcours éducatifs ainsi mis en place, à découvrir des lieux dans lesquels ils n’allaient jamais d’eux-même.
 Les familles ont elles aussi changé leur comportement vis à vis de l’école tant elles étaient étonnées de voir leurs enfants vouloir y aller y compris à des moments où ils n’étaient pas obligés d’y aller.
 Le décret de 2008, qui a supprimé le samedi matin, a obligé ce groupe scolaire à quelques modifications, on a reporté deux heures sur une autre après midi, (5 matins de 4h et deux après midi de 2h) et deux après midi sont toujours consacrées aux activités éducatives non scolaires. Les enfants de cette école n’ont jamais subi la semaine de 4 jours !
 Les enseignants regrettent toujours la perte du samedi mais n’ont jamais regretté ce choix d’organisation.
 Un autre groupe scolaire de la région lilloise a décidé de mettre en place un tel projet à la rentrée 2012, les changements positifs se font déjà sentir. 
Dans les deux cas, nous avons d’abord et avant tout travaillé sur les contenus des temps, et pas du tout uniquement sur des changements d’horaires, ce qui d’ailleurs nous permet de démontrer qu’il ne suffit pas d’ « alléger » d’une demi-heure chaque jour pour que les enfants apprennent mieux, j’ose même continuer à prétendre qu’on peut faire 6 heures par jour moins fatigantes que 5h !


Quelles sont les réflexions des enseignant(e)s sur la nouvelle organisation mise en œuvre ? 
Les enseignants lillois, qui pour certains d’entre eux, connaissent ce fonctionnement depuis plus de 16 ans maintenant, ne veulent surtout pas en changer. 
L’allongement de la matinée a permis de revoir complètement l’organisation pédagogique, on peut organiser très facilement, autour des deux pauses mises en place le matin, une alternance de séquences pédagogiques permettant la triple alternance quotidienne, nécessaire au bien-être de l’enfant, à savoir une alternance entre travail et repos, entre mouvement et immobilité et entre rationnel et imaginaire. Nous pouvons ainsi respecter l’égalité entre les disciplines scolaires, puisque le matin n’est plus du tout consacré uniquement aux maths et au français, mais fait bien participer l’EPS, les arts plastiques, la musique, la langue vivante, etc : cela permet d’améliorer la disponibilité permanente des enfants pour les apprentissages, mais cela modifie également le regard de l’enseignant sur chacun de ses élèves, ce qui les amène à dire aujourd’hui qu’ils ont retrouvé les fondamentaux de leur métier.
Les apprentissages sont faits plus rapidement et avec moins d’efforts coûteux.
En maternelle, l’expérience lilloise montre que cet allongement de la matinée permet de ne pas bousculer les enfants dans leurs apprentissages, de donner à chacun d’eux le temps qui lui est nécessaire pour mener à bien sa tâche. Les enseignants constatent que leurs élèves sont très concentrés le matin d’autant plus qu’ils savent que les après-midi seront moins chargées quand il y a école et ludiques quand il y a activités. Il est donc aisé de les solliciter et de leur demander une attention soutenue durant la matinée, ce qui a des répercussions très positives sur les résultats dans ce quartier pourtant très défavorisé. L’alternance mise en place le matin permet d’éviter tout sentiment de lassitude, de plus les heures de sieste nécessaires aux plus petits s’étalent beaucoup moins sur les temps d’apprentissage, ce qui est un vrai gain pour ces enfants puisqu’ils peuvent profiter de beaucoup plus de temps de sollicitations par les différents adultes qui s’occupent d’eux.
Et nous avons pu constater que ces dernières années a amené un changement important, puisqu’une mixité sociale volontaire s’est créée suite à l’arrivée dans l’école de familles beaucoup plus aisées, qui souhaitent que leur jeune enfant bénéficie de cette organisation scolaire.

5) SUR LA PROPOSITION DU GOUVERNEMENT:

P S : Que penses-tu de la traduction du texte « Refondons l’Ecole de la République » dans la loi d’orientation pour la refondation de l’Ecole ?

C L : Refonder pour moi veut dire que tout est à refaire, or si je prends ce décret sur les aménagements des temps scolaires à la maternelle et en élémentaire, qui est un décret relatif à cette loi, bien que paru avant elle (!), je constate qu’on est en train de faire un bricolage qui finalement, ne permettra pas du tout de faire que cette première réforme soit la première pierre incontournable de la refondation. Cette pierre aurait dû être une pierre porteuse, elle risque fort de n’être qu’un caillou qui fait mal aux pieds dans les chaussures.


On a très mal abordé le problème, on ne cesse de parler de chiffres, longueur de la journée, nombre de jours dans l’année, nombre d’heures par jour, etc, alors qu’il fallait présenter la chose comme une réforme de l’aménagement des temps de vie de l’enfant, devant s’inscrire au sein d’un projet éducatif territorial, tenant compte du fait que tous les temps des enfants sont aussi importants les uns que les autres. Et surtout considérer que l’École a tout à gagner en s’ouvrant sur la cité, en ne restant pas une forteresse indépendante de l’environnement dans lequel elle se situe. Demander uniquement  à l’éducation nationale de modifier ses emplois du temps renvoie à ce constat et n’y changera rien. Or cet aménagement doit s’inscrire dans un projet de société, c’est toute la vie de l’enfant qui est concernée, et donc celle de ses parents, le monde du travail doit être impacté par cette réforme, on voit bien que ce n’est pas vraiment ce qui se profile.

L’une des priorités du président est la lutte contre le chômage, que ne se sert-on de cette réforme pour créer de l’emploi pour les jeunes ? Mettre en place chaque jour dans toutes les écoles, des parcours éducatifs sur des après midi entières permettrait de répondre en partie à cette volonté. Les associations partenaires de l’école pourraient retrouver une place primordiale dans l’éducation des enfants.


Refonder, c’est construire autrement, or le décret qui a été publié est une reprise pure et simple du décret de 2008, et finalement met hors la loi les projets éducatifs dont nous montrons depuis plus de 16 ans qu’ils font leurs preuves pour un mieux-vivre l’école pour tous les enfants.
 Il est fort à craindre que tous ceux qui n’ont pas envie, ou l’habitude de se mobiliser pour améliorer l’éducation des enfants, se servent de ce décret rigidifiant et sans innovation possible, de réaliser a minima un aménagement de l’existant qui n’aura aucun effet positif sur les enfants, moins encore sur ceux qui sont par ailleurs en difficultés de vie.
 D’ailleurs je ne peux malheureusement que constater que Christian Forestier, ex coprésident de la conférence sur les rythmes scolaires sous Luc Châtel et membre du comité de pilotage de la refondation de l’école sous Vincent Peillon, a déclaré « que la réforme des rythmes scolaires n’impliquera pas de travail supplémentaire pour les enseignants ». « Je vois un même nombre d’heures réparti différemment. Il s’agit d’ailleurs de revenir à la situation antérieure » !!! a-t-il affirmé. Comment dès lors ose-t-on parler de réforme et de refondation ?

P S : Quels amendements attends-tu du gouvernement afin que l’organisation de la semaine scolaire telle que tu la préconises puisse perdurer ?

C L : Avec le réseau Prisme dont je suis membre, je souhaite résolument la réussite de la refondation engagée par le ministre de l’éducation nationale, mais je reste très préoccupée par le manque d’ambition du décret sur l’organisation de la semaine scolaire et par la rédaction de deux articles du projet de loi, soit les articles 46 et 47 qui confinent le projet éducatif territorial sur le seul temps périscolaire et dans les contours et attributs d’un simple contrat éducatif pourtant créé en 1998.

Il est urgent de repenser la cohérence et la continuité de l’action éducative dans un cadre global incluant en les articulant, les différents temps de vie des enfants et des jeunes. 
Nous regrettons également que le décret comme le projet de loi ne prennent pas suffisamment en compte les expériences réussies menées parfois depuis plus de quinze ans dans certaines villes. Nous considèrons notamment que les bornes horaires fixées dans le décret et l’obligation à laquelle on ne peut déroger, d’une répartition de la semaine scolaire sur neuf demi-journées sont contre productives car cela réduit considérablement les possibilités et interdit des organisations innovantes qui ont pourtant démontré leur intérêt au bénéfice des enfants. Nous regrettons encore la prééminence donnée au mercredi matin, même si une dérogation est possible pour le samedi matin, alors qu’il aurait été plus simple de prescrire une simple obligation de répartir la semaine scolaire sur au moins quatre jours et demi entre le lundi et le samedi matin.

Propos recueillis par Bastien Blaque.

 

 

Un si beau projet éducatif !

Le 06/05/2013

Voici l'adresse du blog du groupe scolaire lommois qui expérimente depuis la rentrée 2012 un aménagement tout à fait innovant, sauf qu'il a repris comme emploi du temps celui qu'on a construit en 1996 à Lille (remanié par obligation en 2008, pour passer d'une semaine de 6 jours à une semaine de 5 jours). 

Cette expérience, fondée sur un projet éducatif construit de façon partenariale, avec un réel souci de respecter les rythmes et les besoins des enfants, mais aussi de permetttre à tous les acteurs éducatifs accompagnant ces enfants, de trouver ou retrouver une qualité de vie professionnelle tout à fait indispensable pour le bien-être de l'enfant, est en train de démontrer qu'une volonté politique partagée avec une volonté d'enseignants de faire mieux leur métier et une volonté de parents d'offrir à leurs enfants une possibilité de mieux vivre l'école permet d'atteindre les objectifs attendus et vraisemblablement améliorera la qualité des apprentissages chez chaque enfant à très court terme. 

Dans peu de temps les évaluations menées, en cours d'analyse, apparaitront sur ce blog et tout un chacun pourra constater qu'aménager les temps de vie des enfants et ne pas se contenter de découper l'emploi du temps scolaire existant en petits morceaux pour soit-disant alléger la journée de l'enfant, conduit à des changements importants dans les fonctionnements des enfants qui viennent maintenant heureux à l'école alors même qu'ils y passent beaucoup plus de temps qu'auparavant et malgré le fait qu'ils ont encore deux journées dans la semaine de 6 heures : mais le contenu de ces heures ont été travaillés par les enseignants afin de leur offrir de vraies journées cognitivement allégées. 

Toute la communauté éducative a sa part de responsabilité dans la réussite de ce projet, et c'est parce qu'il s'est construit d'emblée en tant que projet éducatif qu'il en est ainsi : il n'a pas été question, comme cela l'a été dans beaucoup de villes prises pourtant par le ministère comme "modèle", de se contenter de chercher les activités propices à mettre en place pour boucher les trous libérés par les journées scolaires temporellement allégées d'envrion 3/4 d'h quand ce n'est pas juste de 25 mns. Tous les enseignants à Lomme connaissent parfaitement les parcours éducatifs mis en place, communiquent régulièrement avec les animateurs responsables de ces parcours, ce que je n'avais pas pu observer dans diverses autres expériences qu'il m'a été demandé d'évaluer.

Retrouvez ici le blog de l'école, et vous trouverez prochainement les résultats des évaluations réalisées. 

http://le-mot-de-lecole.primblog.fr

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